mercredi 17 janvier 2018

L'ange de Marchmont Hall.
Lucinda Riley.
Editions Charleston.
539 pages.
En librairie depuis le 17 novembre 2017.

Résumé:

Trente ans ont passé depuis que Greta a quitté Marchmont Hall, une magnifique demeure nichée dans les collines du Monmouthshire. Lorsqu'elle y retourne pour Noël, sur l'invitation de son vieil ami David Marchmont, elle n'a aucun souvenir de la maison – le résultat de l'accident tragique qui a effacé de sa mémoire plus de vingt ans de sa vie. Mais durant une promenade dans le parc enneigé, elle trébuche sur une tombe. L'inscription érodée lui indique qu'un petit garçon est enterré là. Cette découverte bouleversante allume une lumière dans les souvenirs de Greta, et va entraîner des réminiscences. Avec l'aide de David, elle commence à reconstruire non seulement sa propre histoire, mais aussi celle de sa fille, Cheska…

Mon avis:

J'ai découvert Lucinda Riley avec La belle italienne que j'avais adoré, puis avec La jeune fille sur la falaise que j'avais également beaucoup aimé. Je ne pouvais donc pas passer à côté de son dernier roman L'ange de Marchmont Hall qui m'a d'ailleurs attiré par la beauté de sa couverture tout à fait de saison.

Encore une fois l'auteure nous emporte dans une histoire familiale complexe hantée par les souvenirs, les drames, les erreurs, les non-dits et les regrets. Je me demande à chaque fois d'ailleurs comment un écrivain peut avoir autant d'imagination pour réussir à construire des scénarios aussi rocambolesques et à inventer des personnages si tourmentés. L'histoire c'est celle des Marchmont une famille recomposée dont les membres en 1985 semblent porter un regard assez triste sur les quarante dernières années qui se sont écoulées. En effet la famille semble avoir traversée de très dures et de très nombreuses épreuves comme le laisse penser le terrible accident qui a coûté la mémoire de Greta une très vieille amie de David le propriétaire de Marchmont Hall. Que s'est-il passé pour que la vieille femme ne se souvienne pas des lieux et encore moins des événements marquants de sa vie qui indubitablement l'ont lié à tout jamais à cette demeure et à cette famille ? C'est en alternant présent de narration et passé que le puzzle va peu à peu se reconstruire et que tous leurs secrets vont petit à petit être dévoilés.

Quelle histoire encore une fois passionnante rythmée par des tragédies brutales, de mauvaises décisions, un manque de discernement parfois évidant et la maladie. J'ai nettement préféré les passages du passé qui sont d'ailleurs plus nombreux car ce sont eux qui nous révèlent ce que cette famille a traversé, même si ceux du présent sont tout aussi importants car ils nous permettent de voir l'impact qu'ont eu ces épreuves sur les membres de cette famille. J'ai adoré notamment les passages concernant la jeunesse de Greta au lendemain de la seconde guerre mondiale avec son ambiance de fête dans les cabarets londoniens en présence des soldats américains que j'ai trouvé passionnants et tellement immersifs. Pourtant Greta danseuse au Windmill qui peine à se faire remarquer est une jeune femme qui a bien du mal à joindre les deux bouts, n'ayant aucune famille sur qui compter à part son ami David. Et le sort s'acharne lorsqu'elle tombe enceinte et donc perd par la même occasion son emploi. Désespérée c'est une succession de mauvaises décisions prises par la jeune femme qui va tout faire basculer.

Greta est un personnage que j'ai beaucoup aimé dans le premier quart du roman, c'est à dire lorsqu'elle a tout juste 18 ans. Naïve mais combative et optimiste c'est une jeune femme qui bien que sans le sou a des rêves plein la tête et de la détermination à revendre. Aveuglée par l'amour j'ai pu comprendre son erreur de jeunesse et son manque de jugement par moment. Cependant plus les années passaient plus ses erreurs me semblaient beaucoup moins compréhensibles et pardonnables et c'est un personnage qui finalement m'a peu à peu agacé. Greta m'est apparue comme une jeune femme faible à bien des égards, manquant cruellement de confiance en elle et qui a constamment besoin des hommes pour avancer, se comportant parfois même en véritable girouette envers David qui l'aime depuis le premier jour. Elle m'a semblé se jeter maintes fois tête la première sans réfléchir dans des relations intéressées, manquer de discernement, voir même avoir à de nombreuses reprises des œillères concernant le bonheur de sa fille Cheska.

J'ai cependant adoré David mais comment ne pas l'aimer ? C'est un tout jeune homme au début du roman mais déjà à cet âge il m'a marqué par sa maturité et sa bonté. Très attaché à Greta avec qui il travaille au Windmill et dont il est secrètement amoureux, il n'hésite pas à lui venir en aide à chaque fois que la jeune femme en a besoin au risque de mettre sa propre vie entre parenthèse. Il m'a énormément touché parce qu'il continue à être là pour elle en tant qu'ami alors même qu'il aimerait que Greta soit bien plus que cela. Malgré ses tentatives de nouer des relations avec d'autres femmes il n'a jamais pu vraiment l'oublier malgré les années qui passent et qui le tiennent parfois éloigné d'elle, car elle reste l'amour de sa vie.

C'est un très beau récit sur les relations amicales plus fortes parfois que les liens du sang et sur l'amour que l'on peut porter à une personne toute sa vie durant, mais c'est également un roman très sombre à cause de tout ce que cette famille traverse et par les thèmes difficiles abordés, comme les conséquences de la vie d'idole des jeunes, comme le  fait de grandir trop vite et de ne pas avoir d'enfance, mais aussi les ravages de la schizophrénie une maladie terrible provoquée ici par la perte d'un être cher, de l'alcoolisme qui peut détruire une famille, de la dure épreuve de l'amnésie après un accident lorsque l'on a perdu tous les souvenirs qui nous définissent en tant qu'individu. C'est un roman rythmé par les échecs successifs et les non-dits de personnages à la fragilité psychologique très forte, dont certains nous semblent plus agréables que d'autres, qui pour ma part m'a beaucoup plu comme il m'a parfois aussi attristé.

Pour conclure: 
L'ange de Marchmont Hall confirme une fois de plus le talent de Lucinda Riley qui nous livre ici un récit familiale tragique dans certains aspects avec des personnages tourmentés parfois à la limite de la folie. Une histoire de famille certes, mais aussi d'amour et d'amitié addictive, une lecture d'hiver parfaite racontée par une auteure de talent que je vous recommande donc chaudement. 

Ma note: 17/20.

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