mardi 29 août 2017

Des mensonges nécessaires.
Diane Chamberlain.
Editions Mosaïc Poche.
501 pages.

Résumé:

1960. Dans les champs de tabac de Caroline du Nord, Jane Forrester et Ivy Hart ne pourraient mener des existences plus différentes. A quinze ans, Ivy travaille dur pour faire vivre sa famille, notamment « bébé William », âgé de deux ans qui souffre d’un retard mental. Au contraire, Jane est confortablement mariée et rien, dans son milieu bien-pensant, n’exige d’elle qu’elle donne de sa personne. Sauf sa conscience et sa sensibilité. Bravant son mari et les conventions sociales, elle s’engage au service des pauvres – au service de la famille d’Ivy Hart. Une proximité qui lui ouvre les yeux sur des secrets insoupçonnables et un scandale humain qui devient sa bataille.

Mon avis:

La ségrégation raciale est un thème qui m'est très chère et que j'aime beaucoup retrouver en littérature. Alors dès que j'ai le bonheur de trouver en librairie un roman de ce genre je ne peux m'empêcher de me le procurer. Des mensonges nécessaires de Diane Chamberlain était dans ma bibliothèque depuis plus d'un an, je suis donc ravie d'avoir enfin pu avoir le temps de le découvrir. 

C'est un roman qui m'a surpris parce que la ségrégation n'est pas le sujet majeur du livre. On y retrouve bien évidemment des familles noirs comme la famille Jordan travaillant dans la plantation de tabac de Caroline du Nord où se situe l'histoire, mais ce ne sont pas les personnages principaux autour desquelles tourne toute l'intrigue. Ici nous suivons plus particulièrement une famille blanche très pauvre les Hart qui travaillent également dans cette plantation. J'ai été surprise de constater que ce genre d'endroit et de travail n'était pas uniquement réservé aux noirs, mais aussi aux blancs qui se trouvaient dans une situation très précaire. Il est toujours affligeant de voir que des personnes pouvaient vivre dans de telles conditions, dans des cabanes de fortune et être exploitées de cette façon et ce quelque soit sa couleur de peau. Mais ce qui m'a le plus surpris et révolté et que j'ignorais totalement ce sont les opérations médicales inimaginables que l'on pratiquait sur ces travailleurs sociaux, la stérilisation eugénique. 

Et c'est le thème majeur du livre. Dans les années 60 la pilule n'existait pas et souvent les pauvres n'avaient aucunes informations sur le plan de l’éducation sexuelle. Beaucoup de personnes en situation précaire qu'elles soient noires ou blanches étaient stérilisées contre leur volonté et parfois sans qu'elles le sachent. Cette pratique était normalement réservée aux personnes n'ayant pas les capacités mentales ou physiques pour s'occuper d'enfants, mais malheureusement comme vous pouvez l'imaginer l'abus de pouvoir était souvent proche. En effet la majorité des enfants qui voyaient le jour dans ces foyers n'avaient quasiment pas d'avenir, étaient destinés à grandir dans des conditions de vie indécentes et parfois même étaient livrés à eux-même.   Si j'ai pu comprendre l’intérêt d'une telle pratique dans certaines situations j'ai été en revanche sidérée de voir que des erreurs étaient souvent commises sur certaines personnes que l'on stérilisait sans raisons valables, ou encore de voir que l'on arrachait des enfants à leurs parents soit disant pour leur propre sécurité, comme telle a été le cas pour la sœur d'Ivy.

Je me suis beaucoup attachée à Ivy et sa famille qui bien que très pauvre essaie de s'en sortir malgré tout. Ivy est une jeune fille de 15 ans mais qui en paraît beaucoup plus du fait que c'est elle qui s'occupe de toute sa famille depuis la mort de son père et l'internement de sa mère. Elle vit avec sa grand-mère Nonnie diabétique, sa sœur aînée Marie-Ella qui est incroyablement belle mais faible d'esprit et son neveu de 2 ans William. C'est un personnage très touchant qui malgré son jeune âge et ce que tout le monde pense d'elle est très intelligente. Malgré la misère dans laquelle ils vivent ils peuvent heureusement compter sur le soutien de l'aide sociale qui leur permet de se procurer des vêtements ou des produits de la vie courante par exemple. C'est ainsi qu'Ivy va faire la connaissance de Jane  22 ans qui vient tout juste de prendre ses fonctions comme assistante sociale.

Jane est également un personnage que j'ai beaucoup aimé. Elle vient tout juste de se marier à un jeune médecin et a donc une vie très confortable. Pourtant elle n'aspire pas à devenir une femme au foyer comme bon nombre de ses amies mais souhaite au contraire être utile aux autres. C'est une femme entêtée mais incroyablement généreuse, sensible, touchante et c'est un trait de caractère qui malheureusement va lui faire défaut dans l'exercice de son métier. Trop engagée émotionnellement elle va souvent dépasser le cadre de ses fonctions et commettre des interdits. Son comportement envers la famille Hart à laquelle elle s'attache vite, rend le récit captivant car nous aussi on a envie de se battre à ses cotés pour rétablir la justice et défendre toutes ces personnes à qui l'on ment soit disant dans leur propre intérêt. 

C'est un roman passionnant, révoltant et saisissant par la force, la détermination et le courage de ces deux femmes que tout oppose mais qui vont petit à petit se rapprocher, se faire confiance et se soutenir mutuellement. Bon nombre de secrets scandaleux et choquants se cachent encore dans cette histoire qui rythment le récit d'une façon incroyable et nous surprennent pages après pages. Ce roman n'a pas été un coup de cœur parce que je regrette la fin qui à mes yeux est un peu trop précipitée. J'aurais aimé suivre encore un moment Ivy et les autres avant de faire un bon dans le temps de près de 50 ans, mais ce fut malgré ce léger détail une lecture exceptionnelle que je vous recommande de tout cœur. 

Pour conclure:
Un roman révoltant mais passionnant grâce auquel j'ai appris énormément de choses que j'ignorais alors, notamment sur les opérations médicales scandaleuses qui étaient pratiquées sur les travailleurs pauvres des plantations de tabac. Une histoire touchante portée par deux héroïnes inspirantes par leur force et leur courage, prêtes à tout pour défendre leurs convictions, leur liberté et le droit des femmes. 

Ma note: 19/20.

2 commentaires:

  1. Je l'ai dans ma bibliothèque depuis sa sortie mais je ne l'ai toujours pas ouvert ! Ta chronique me donne envie :)

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